Histoire

Extrait du Dictionnaire GEOGRAPHIQUE, HISTORIQUE et STATISTIQUE  
Des communes de la Franche-Comté
De A. ROUSSET Tome IV (1854)

Source : CEGFC (Centre d'entraide généalogique de Franche-Comté)

NOTICE HISTORIQUE datant de 1854

Au point d'intersection des trois routes de Poligny, d'Arbois et de Salins à Dole, dans une région verdoyante et accidentée, jadis couverte de forêts, s'élève le village de Mont-sous-Vaudrey, non loin des bords de la Cuisance, qui serpente dans la plaine entre les bois et les prairies. Il serait difficile de déterminer quel fut son emplacement primitif. Une ancienne voie romaine, connue sous le nom de Levée de Jules-César, sépare au sud son territoire de celui de Villers-les-Bois. Elle partait de Grozon et se continuait par Aumont et Villers-Robert à Rahon et Tavaux. Au nord de Mont est une contrée dite à la Boutique, où existait un ancien bureau de péage. On y trouve une grande quantité de débris de constructions romaines, tels que tuileaux à rebords et marbres étrangers, des monnaies impériales et des ustensiles de cuisine. Le premier document qui mentionne Mont est l'acte par lequel l'archevêque Guillaume ler d'Arguel donna l'église de ce village, en 1111, à l'église cathédrale de Saint-Étienne de Besançon, donation qui fut
confirmée, eu 1139, par l'archevêque Humbert.


Seigneurie :
Après avoir fait partie de la baronnie de Vaudrey, Mont fut érigé en seigneurie particulière pour servir d'apanage à une branche puînée de la maison de ce nom. La justice haute, moyenne et basse, la banalité du four et du moulin, des cens en argent et en grains, des corvées, étaient attachés à cette terre.


Seigneurs :
Guillaume III, sire de Vaudrey, fit hommage, en 1269, à l'église de Besançon, des dîmes de Vaudrey, Montbarrey et Mont.
Guy de Vaudrey, chevalier, fut père de Simon, seigneur de Mont, et d'Odon, abbé de Saint-Claude.
Simon de Vaudrey, chevalier, vivait en 1292. Par son testament de l'an 1319, il choisit sa sépulture dans l'église de Vaudrey, nomma pour son héritier Jean,
son fils, et fit un legs à Henriette de Vaudrey, sa fille, épouse de Hugues de Grange, d'Arbois. Jean de Vaudrey, seigneur de Mont, épousa en premières noces Isabelle
de Sorans, dont il eut une fille du nom de Jeanne, et en secondes noces Guillemette d'Arlay, qui le rendit père de Marguerite et d'Huguenin de Vaudrey. Par son testament de l'an 1341, il choisit sa sépulture à côté de celle de son père. La seigneurie de Mont se divisa après sa mort entre ses enfants des deux lits. Une moitié fut appelée la seigneurie de Mont, un quart la seigneurie de Byans, et un autre quart la seigneurie de Vellefaux. Huguenin de Vaudrey, chevalier, fut père de Hugues, suivant le testament de Bernard d'Arlay, dit le Gallois, chevalier, de l'an 1387. Pierre de Vaudrey, seigneur de Mont, fils de Hugues, était, en 1445, conseiller et chambellan du duc Philippe-le-Bon et son gruyer général au comté de Bourgogne. Il s'allia avec Altendule Sforce, et fut père de Philippe et de François de Vaudrey, seigneurs de Mont en partie. Philippe de Vaudrey, chevalier, était conseiller et chambellan du même duc Philippe et son gruyer au comté de Bourgogne en l463. Philippe II, son fils, conseiller, chambellan de l'empereur Maximilien, fut
chargé par ce souverain, en 1489, de faire une invasion dans le comté de Bourgogne, que détenait alors Charles VIII, comme fiancé de Marguerite d'Autriche. Par son testament de l'an 1519, il nomma Jacques de Quingey, son épouse, Simon de Vaudrey, son fils, Anne, veuve d'Olivier de Vaudrey, et Isabelle, ses filles. Simon de Vaudrey, seigneur de Mont en partie, épousa N. de Montbozon et en eut Guyot de Vaudrey et Claire, épouse d'Antoine de Drée. Cette dame vendit ses droits successifs, le 29 juin 1546, à Marguerite, de la Touvière, épouse de Marc de Reculot, écuyer. Guyot de Vaudrey, pannetier de l'empereur Charles-Quint, laissa de Guillemette d'Estavayer, son épouse, un seul fils du même nom que lui. Guyot II de Vaudrey, ayant embrassé le parti de Henri II, roi de France, fut puni de sa trahison par la confiscation de ses biens, prononcée par le parlement de Dole en 1549. Charles-Quint en disposa en faveur de Jean de Vaudrey, cousin de Guyot, sous la simple obligation de payer à perpétuité un cens de 10 livres estevenantes. Jean de Vaudrey institua pour son héritier Guillaume de Montrond. Antoine, fils de Guillaume de Montrond, fit hommage au souverain, le 13 novembre 1572, de la partie de la terre de Mont-sous-Vaudrey qui avait été confisquée sur Guyot de Vaudrey. Ce domaine passa à Pierre et Guillaume de Montrond, tous deux fils d'Antoine. Adrien de Montrond, dernier héritier de cette maison, légua toute sa fortune à Louise-Dorothée de Lezay, son épouse. cette dame se remaria à N. de Glanne, auquel elle fit prendre le nom de Montrond. N'ayant pas eu d'enfants, elle testa en faveur de François-Gabriel marquis de Lezay, qui vendit ses droits sur Mont-sous-Vaudrey, le 1er décembre 1736, à Étienne
Domet de Mont, avocat-général à la cour des comptes de Dole.

Le 7 mars 1572, Adam de Byans et N. de Vaugrenans, son épouse, vendirent leur portion de seigneurie de Mont à Philippe Merceret, de Salins. Alexandre-Joseph Merceret, descendant de cet acquéreur, la revendit, le 7 janvier 1680, à Charles de la Baume, marquis de Saint-Martin, baron de Pesmes, Vaudrey, etc., qui avait déjà acheté, l'année précédente, la portion de la famille de Reculot. Par acte enregistré à la chambre des comptes de Dole, le 30 juillet 1684, Jean-Baptiste Domet, d'Arbois, docteur ès droits, acheta du marquis de Saint-Martin la portion provenant de M. de Reculot. Cet acquéreur était issu d'une famille noble d'Arles, qui avait suivi les princes d'Orange, de la maison de Chalon, et avait fixé, en 1494, son séjour à Lons-le-Saunier, où elle fournit plusieurs générations de docteurs en droit. Pierre-Gaspard Patouillet, de Salins, se rendit acquéreur, le 7 avril 1705, de la partie de seigneurie de Mont dite de Vellefaux. Son fils, conseiller au présidial de Salins, soutint un long procès avec MM. Domet, pour établir qu'il avait droit à 9/24es de toute la seigneurie ; mais par une transaction du 4 août 1765, sa part fut fixée à 1/4 et le surplus fut reconnu appartenir à MM. Domet. Gilbert Cousin cite avec éloges Étienne Domet, chanoine de l'église de Dole en 1550. Une branche de cette maison s’établit à Arbois en 1609. Jean-Baptiste Domet avait épousé, le 13 mars 1666, Charlotte, fille d'Étienne Bergeret, capitaine de cent hommes d'armes et du château de Vadans. Il en eut deux fils, Joseph et Étienne, qui formèrent chacun une
branche, et une fille, alliée au comte d'Achey. Joseph Domet, IIe du nom, écuyer, seigneur de Mont en partie, président de la chambre des comptes de Dole, dernier représentant de la branche aînée, épousa N. Terrier et n'en eut que deux filles. Étienne Domet, écuyer, seigneur de Mont en partie, avocat général à la chambre des comptes de Dole, épousa Jeanne-Françoise, fille de Jean Gérard, lieutenant général au bailliage de Poligny. De ce mariage naquit, entre autres enfants, Jean-François-Xavier Domet de Mont, chevalier, lieutenant des maréchaux de France. Ce seigneur épousa, en 1755, Louise-Thérèse Renard, et en eut Étienne-François-Xavier, colonel de cavalerie, et Denis- Éléonore Domet de Mont, capitaine au régiment d'Enghien. Ces deux gentilshommes, qui possédaient en commun une grande partie de la seigneurie de Mont-sous-Vaudrey,
émigrèrent en 1791. Leurs biens furent vendus nationalement en 1793 et rachetés en partie, le 25 juillet 1796, par leur mère.

M. Étienne-François Domet de Mont revint de l'émigration et fixa son séjour à Mont-sous-Vaudrey. Il mourut à Arbois le 15 septembre 1820, laissant, d'Anne-Josephte-Julienne Domet, son épouse, une seule fille, mariée à M. Jacques-Alexandre de Truchy, baron de Laye. Denis-Éléonore était mort avant 1806, laissant de Philippine-Alexandrine Bouhelier du Viseney, son épouse, Louise-Philippine-Caroline Domet, sa fille unique, épouse de Louis-Ignace-Thérèse Vernier de Sarret-Grozon, lieutenant-colonel du génie et ancien maire d'Arbois.

Armoiries :
La famille Domet portait : d'or à l'arbre arraché de sinople, et avait pour devise : Virtus omnia Domet. Labbey de Billy lui donne d'autres armes, mais c'est par erreur.

Château primitif :
Le château primitif de Mont-sous-Vaudrey était situé au nord-est du village, dans le lieu dit au Vieux Château, sur le revers d'un coteau. Une motte artificielle, entourée de fossés, en marque encore la place. Il formait un carré long et avait, à ses angles, quatre tours quadrangulaires couronnées par des flèches. On ignore l'époque de sa destruction. Ce château appartint longtemps aux seigneurs de Mont, de la maison de Vaudrey. Ses ruines et le terrain environnant sont la propriété de François Paquelet, de
Mont-sous-Vaudrey.

Château-Gaillard :
Il occupait le sommet d'un plateau d'où la vue s'étend sur tout le Val d'Amour et plonge sur un immense horizon. Habité au XVIe siècle par Adam de Byans et ses successeurs, il devint la propriété d'Étienne-Éléonore Domet de Mont, doyen de la collégiale d'Arbois, qui y faisait son séjour presque continuel peu d'années avant la révolution. Vendu nationalement en 1793, il rentra, par acquisition, dans les mains de M. Étienne-François Domet. Mme la baronne de Truchy, sa fille, le vendit, avant 1820, à M. le comte de Boutechoux de Chavannes. Il appartient actuellement à M. le vicomte Alexandre de Boutechoux de Chavannes. Un beau parc entoure le château et descend jusqu'aux
bords de la Cuisance. Le voisinage de cette rivière, de la Loue, les vastes forêts de Mont-sous-Vaudrey, l'agrément du site, font de cette résidence un délicieux séjour.

Château de la Grangerie :
Il a la forme d'un parallélogramme et occupe le penchant d'un coteau à droite de la route de Dole à Arbois. Les dépendances et le parc qui l'entourent embellissent cette demeure. Ce château, qui appartenait aussi à la famille Domet, est la propriété actuelle de M. François-Hyacinthe Grevy, capitaine d'infanterie en retraite, père de M. Jules Grevy, ancien représentant du peuple et ancien préfet du Jura, avocat distingué du barreau de Paris, et auteur de plusieurs ouvrages de jurisprudence.

État de Mont-sous-Vaudrey au moyen-âge :
Ce village avait une grande importance aux XVe et XVIe siècles. Il était habité alors par des nobles, des bourgeois, des officiers de justice et des marchands. Il y avait des halles pour la tenue des foires et des marchés, près de la route de Poligny, sur l'emplacement du jardin des héritiers Bavilley. Les juifs y étaient nombreux aux XIIIe et XIVsiècles. La place qui servait à leurs inhumations est encore appelée le cimetière aux juifs. Les habitants avaient reçu une charte de franchises qui leur permettait d'élire des prud’hommes pour l'administration des affaires communes, et de délivrer des lettres de bourgeoisie et d'habitantage moyennant une rétribution. L'industrie était représentée par une verrerie située près de la fontaine de la verrière, une tuilerie, un moulin et plusieurs poteries de terre.

Événements divers :
L'histoire n'a conservé le souvenir d'aucun des désastres dont Mont-sous-Vaudrey dut être jadis le théâtre. Traversé par plusieurs grands chemins qui aboutissaient tous à des places de guerre, chaque invasion ennemie, chaque mouvement de troupes dut marquer son passage, là plus qu'ailleurs, par le pillage et incendie. La destruction violente du château remonte sans doute aux guerres de Louis XI. La famine décimait la population lorsque éclata, en 1626, un effroyable incendie qui dévora l'église, le presbytère et toutes les maisons de la grand'rue sans exception. Un procès s'engagea, en 1709, entre les seigneurs de Mont-sous-Vaudrey et les habitants, au sujet du partage des bois communaux. La surface de ces bois était de 800 hectares, sans compter les parties qui avaient été défrichées. Les seigneurs prétendaient en avoir le tiers. Après avoir épuisé tous les degrés de juridiction, MM. Domet obtinrent, en 1724, à titre de triage, 260 hectares, et furent maintenus dans cette possession par différents arrêts. Ils ne furent dépossédés qu'en vertu d'une sentence du 31 août 1793. Un nouvel incendie se manifesta en 1832 et réduisit en cendres 21 maisons, le clocher et une partie de l'église. Huit incendies partiels qui ont eu lieu de 1833 à 1852 ont encore détruit 9 maisons. En démolissant une ancienne chapelle de l'église, en 1838, on trouva, dans l'un des angles de la voûte, une longue caisse en sapin qui contenait plus de 40.000 pièces de billon et quelques-unes en argent. C'étaient de petits parisis et de petits tournois (parisienses et
turonenses parvi)
de Louis X, dit le Hutin, et de Philippe V, dit le Long. Ces pièces datent par conséquent de 1314 à 1321. D'un côté on lit : Civ. Turon. ou Paris, civ., autour du tombeau de saint Martin, et de l'autre, Ludovicus rex ou Philippus rex, ou Sit nomen Domini benedictum, autour d'une croix. Quelques-unes portent ces mots : Burgundiae comes.

Canton : Mont-sous-Vaudrey fut érigé, eu 1790, en chef-lieu d'un canton composé de la commune de ce nom et des villages de Bans, Sélignev, Souvans et Vaudrey. Ce canton a été supprimé eu 1801.

Église : L'église de Mont-sous-Vaudrey, bâtie en 1838 sur l'emplacement de l'ancienne, se compose d'un péristyle, d'un atrium, de trois nefs, d'un sanctuaire, d'un chTmur en hémicycle et d'un clocher au-dessus de l'atrium. Des degrés d'escalier accèdent au péristyle, qui est décoré de quatre colonnes et de pilastres de l'ordre dorique. Sur les colonnes s'élève un fronton dans le tympan duquel est représentée l'Assomption de la sainte Vierge. Les nefs sont divisées en cinq travées par huit colonnes de l'ordre ionique, imitées de l'antique, et par des pilastres du même ordre. Le chTmur est éclairé par une toiture en verre. Cet édifice, dédié à l'Assomption de la sainte Vierge, est d'un aspect trop théâtral. Plusieurs de ses parties sont déjà en complet état de dégradation. Une confrérie du Saint-Esprit, dont l'origine remontait au XIVe siècle, faisait ses exercices dans l'ancienne église. Une autre confrérie, sous l'invocation de Notre-Dame du Mont-Carmel, se réunissait dans une chapelle bâtie à ses frais, en 1662, à gauche de la même église.

Biographie : Mont-sous-Vaudrey est la patrie 1° de plusieurs membres de la maison de Vaudrey qui furent conseillers et chambellans des ducs de Bourgogne et leurs gruyers généraux en Bourgogne ; 2° de François-Joseph Génisset, né le 24 novembre 1769, et mort à Besançon le 21 juillet 1839. Après avoir joué un rôle beaucoup trop actif dans la révolution, et avoir rempli les fonctions de secrétaire général de la commission administrative du département, M. Génisset devint professeur à l'école centrale établie à
Dole. A l'époque de l'organisation du lycée de Besançon, il fut chargé d'y professer les humanités. Admis, en 1806, dans l'académie de cette ville, il fut l'un des membres les plus zélés et les plus utiles de cette compagnie. Ce savant professeur ne quitta la chaire de rhétorique qu'il occupait depuis neuf ans, que pour prendre possession, en 1818, de celle de littérature latine à la faculté des lettres, dont il devint doyen en 1834. Peu de mois avant sa mort, il fut nommé chevalier de la Légion d'honneur. M. Génisset a été vivement regretté de tous ceux qui le connaissaient ; 3° de M. Jules Grévy, né en 1808, dont nous avons déjà parlé, et enfin d'un grand nombre d'officiers qui ont fait avec distinction les campagnes de la république et de l'empire.

Bibliographie : Statistique de l'arrondissement de Dole par M. Marquiset. —Labbey de Billy.—Notes
manuscrites dues à l'obligeance de M. Domet de Mont, d'Arbois.—Archives de la préfecture du Jura

DONNEES GENERALES datant de 1854

Mont, Mont-sous-Valdré,
Village de l'arrondissement de Dole, canton de Montbarrey, chef-lieu de perception ; direction et relais de poste ; cure cantonale dont dépend Bans ; à 6 km de Montbarrey, 18 de Dole et 44 de Lons-le-Saunier.
Altitude: 246m
Le territoire est limité au nord par Montbarrey et Belmont, au sud par Aumont, Villers-les-Bois et Oussières, à l'est par Vaudrey et à l'ouest par Bans. La tuilerie, le moulin et une maison du hameau du Petit-Villey, font partie de la commune. 

Il est traversé par les routes impériales n° 5, de Paris à Genève, et 72, de Dijon à Pontarlier ; par la route départementale n° 14, de Dole à Arbois ; par le chemin de grande communication n° 11, de Montbarrey à Chaussin ; par les chemins vicinaux tirant à Belmont, au Petit-Villey et à Bans ; par la rivière de Cuisance, les ruisseaux de la fin d'Aval et de l'Hameçon, le bief de l'étang de Poligny, les biefs Bechot et Michot.

Le village est situé au sommet d'un plateau qui s'élève en amphithéâtre sur la rive gauche de la Cuisance et du Val d'Amour et domine de charmants paysages. Les maisons bordent les routes de Paris à Genève et de Dole à Arbois et Salins, Elles sont généralement bien bâties et groupées comme dans les villes. Les deux tiers au moins sont construites en pierre, élevées d'un étage au-dessus du rez-de-chaussée et couvertes en tuiles ; les autres sont couvertes en chaume.

Population : en 1790, 712 habitants ; en 1846, 1256 ; en 1851, 1241, dont 595 hommes et 646 femmes; population spécifique par km carré, 83 habitants ; 208 maisons, savoir : sur la route de Dole, 32 ; dans la rue Bernard, sous la Côte et au moulin, 5 ; dans la rue derrière la ville, 8 ; dans la rue du Cimetière, 15 ; dans la rue de Bans, 21, y compris 3 maisons isolées ; sur la route de Salins, 28 ; sur celle de Poligny, 15 ; sur l'ancien chemin d'Arbois, 11, et dans la rue du Vieux-Château, 4 ; 382 ménages. 

État-civil : les plus anciens registres de l'état civil datent de 1733.
Vocable : Assomption de la Sainte-Vierge.
Série communale à la mairie depuis 1793, déposée aux Archives Départementales avant, où Mont-sous-Vaudrey a reçu les cotes 5 E 594/1 à /5. La série du Greffe a reçu les cotes 3 E 653 et 654, 3 E 5518 à 5530, 3 E 3815, 3 E 7790 et 7791, 3 E 8725, 3 E 9350 à 9354 et 3 E 13568. Tables décennales : 3 E 1243
à 1251.
Microfilmé sous les cotes 2 Mi 443, 5 Mi 750 à 753, 5 Mi 1275, 2 Mi 1110, 2 Mi 2129 et 2130, 5 Mi 13
et 5 Mi 1184.
Les habitants émigrent pour être ouvriers et domestiques à Lyon et à Paris.

Cadastre : exécuté en 1837 : surface territoriale 1483h53a divisés en 3299 parcelles que possèdent 425 propriétaires dont 130 forains ; surface imposable 1458h, savoir: 804 en bois, 553 en terres labourables, 63 en prés, 15 en pâtures, 9 en sol et aisances de bâtiments, 7 en jardins, 3h77a en étangs et 3h55a en vergers, d'un revenu cadastral de 23.938 fr. ; contributions directes en principal, 7.696 fr.
Le sol se divise en deux parties bien distinctes ; l'une, en plaine, est très fertile ; l'autre, ondulée, est d'une fertilité moyenne. Il produit du blé, du seigle, de l'orge, de l'avoine, des légumes secs, du maïs, de la navette, beaucoup de betteraves, des carottes fourragères, des pommes de terre, du chanvre, des fruits, du foin et des fourrages artificiels. On importe la moitié des céréales et les 4/5 des fourrages et de l'avoine.

On élève dans la commune quelques chevaux, des bêtes à cornes et des porcs ; 20 ruches d'abeilles. L'agriculture y serait plus florissante si on exécutait des fossés d'assainissement dans les parties basses du territoire.On ne tire aucun parti des sablières et des gravières. Il y a un châlet loué par les sociétaires, dans lequel on fabrique annuellement 4.500kg de fromages façon Gruyère.

Foires :
Les foires, au nombre de quatre par an, se tiennent les 18 janvier, 28 avril, 25 juin et 24 août. Elles sont très importantes par le commerce qui s'y fait sur le bétail. Deux de ces foires sont très anciennes.

Marchés :
Ils ont lieu le jeudi de chaque semaine. On y amène toutes sortes de marchandises, excepté des céréales.

Commerce :
Les patentables sont : 1 marchand de bois de sciage, 1 marchand de bois en gros, 3 marchands de vaches, 5 épiciers, 3 marchands d'étoffes, 2 marchands de grains, 1 marchand de vins en gros, 2 coquetiers, 2 merciers, 1 marchand de faïence, 1 marchand de sabots, 1 marchand de cochons et 1 quincaillier.

Industrie :
On compte dans ce village : 6 cordonniers, 9 sabotiers, 3 charpentiers, 3 maçons, 3 menuisiers, 2 teinturiers, 1 horloger, 10 aubergistes, 6 cafetiers, 2 boulangers, 1 scieur de long, 1 artificier, 3 bourreliers, 2 tailleurs d'habits, 1 ébéniste, 2 serruriers, 2 maréchaux-taillandiers, 1 plâtrier, 1 mécanicien, 2 maréchaux-ferrants, 2 charrons, 1 chaudronnier, 1 entrepreneur de travaux sur les routes, 1 ferblantier, 2 perruquiers et 2 fabricants de parapluies. Les établissements industriels sont : un moulin à farine à sept tournants avec huilerie, battoir à blé et scierie mécanique ; 2 fabriques de poterie de terre, une tuilerie appartenant à M.Grevy, dont les produits sont de très bonne qualité ; 1 battoir à manège, 1 fabrique de cordes, 2 fabriques de noir-animal et de colle-forte.

Mont-sous-Vaudrey est la résidence d'une brigade de gendarmerie à cheval, d'un notaire, d'un huissier, d'un médecin, d'un receveur et d'un commis des contributions indirectes.

Biens communaux :
Une église construite en 1838, sur les plans de l'architecte Besand, qui a coûté 90.000 fr. ; un ancien cimetière à l'entour ; un cimetière nouveau, érigé en 1838, à l'est du village ; un ancien presbytère qui a servi pendant longtemps de maison commune ; un presbytère nouveau à l'ouest et près de l'église ; une maison commune, construite sous la sage administration de M. Fourneret, maire de la commune, et qui a coûté 120.000 fr. ; elle renferme les logements de l'instituteur, d'une institutrice laïque, d'un sous-maître et d'une sous-maîtresse, quatre salles d'étude, fréquentées par 103 garçons et 100 filles, 6 logements loués à des particuliers et précédemment occupés par la brigade de gendarmerie, une salle de pompe à incendie et les halles disposées autour de la cour ; une pompe à incendie manœuvrée par une compagnie de 30 pompiers ; une fontaine avec lavoir couvert et abreuvoir, en cours de construction, qui coûtera 16.000 fr. ; 4 oratoires, 12 ponts en pierre et 816h99a de terres, prés, bois et pâtures, d'un revenu cadastral de 11.562 fr.

Bois communaux : 797h46a
Budget : recettes ordinaires 16.136 fr. ; dépenses ordinaires 16.152 fr.

Histoire de Mont-sous-Vaudrey relatée par René Caron

La Cuisance

On ne peut pas évoquer l’histoire de Mont-sous-Vaudrey sans parler des Seigneurs de Vaudrey.

C’était aux environs de l’an 900 ou 1000… Quelques dizaines de forestiers avec leurs familles à travers les forêts profondes du Jura recherchent des terres plus aisément cultivables. Etaient-ils des Burgondes de la transjurane (côté suisse) ou des Savoyards, nul ne le sait. Traversant la profonde forêt appelée aujourd’hui « de Choiseul » qui couvrait l’emplacement actuel des villages de La Ferté, Aumont, Villers-les-Bois, Villers-Robert, Bans, Souvans et Nevy, ils longent le cours de l’Hameçon et arrivent sur la rive gauche de la Cuisance, là où s’arrête la forêt, et où commence sur la rive droite la plaine alluvionnaire, formée des dépôts de la Loue et qui après quelques travaux s’annonce riche et fertile.

Là ils se partagent en deux, le groupe le plus important, avec le chef, sur la rive droite de l’Hameçon, où ils forment Vaudrey. Quelques autres s’établissent sur la rive gauche. Ces derniers bâtissent leurs huttes le long de l’Hameçon sur le flanc de la petite colline qui surplombe la rivière. Rapidement ils défrichent et arasent le sommet de la colline pour y construire une chapelle. Ce qui nous permet de dater cette double fondation, c’est que Vaudrey signifie « Val-droit » dans le patois local issu de la langue romane, (cette langue n’existe que depuis le IXe S) . D’autre part un document datant de 1111, rédigé par Guillaume d’Arguel évêque de Besançon donne à cette date la modeste chapelle de Mont à la cathédrale St-Etienne de Besançon. Le lieu s’appelle alors « Capella de Mons ». Plus tard on dira simplement « Mons ». Enfin au XVIème s. Mont-sur-Vaudrey ou Mont d’sus Vaudrey. Mais une déformation du patois local qui conduisait à prononcer le U en OU, à la germanique, cela devint Mont d’sous Vaudrey, puis Mont-sous-Vaudrey pour la période moderne. Dès 1180 on cite l’existence d’un château fort à Vaudrey, ce qui nous fait une heureuse transition pour parler des Seigneurs de Vaudrey et de ceux de Mont qui en descendent.


La maison de Vaudrey

Oratoire

La maison de Vaudrey est une branche de celle de Thoire (actuellement Thoirette), situé en Bugey au nord de Nantua. Vers 1137 les Thoire sont déjà Seigneurs de Vaudrey et installés dans la région d’Arbois. Les Thoire s’intéressent aux moulins, seule forme d’énergie mécanique disponible à l’époque et qui rapportent de fortes taxes. Ils deviennent propriétaires d’importants territoires dans la région. En 1180 Aymon de Thoire a des différents avec les moines de Rosières, à propos de l’usage dans ses forêts. Ses fils Hugues et Gui pillent les terres de l’abbaye, maltraitent l’abbé, le ramènent sur leurs chevaux et l’emprisonnent dans le Château de Vaudrey. Ils sont pour cela excommuniés par l’archevêque de Besançon.

Le conflit s’apaise en 1191. C’est à cette époque que les Thoire changent leur nom pour emprunter celui de « Vaudrey », leur blason portant la devise tiroirs « J’ai valu, vaux et vaudrai ». Les Seigneurs de Vaudrey font hommage de leurs biens à Jean de Chalon et à Mahaut d’Artois. Puis en 1316 ils vendent leur moitié de la Seigneurie d’Arbois à Mahaut. Jusqu’à la fin du XIIIème Mont-sous-Vaudrey était un fief mouvant des Seigneurs de Vaudrey. C’est à cette époque qu’il devient une seigneurerie indépendante, quand Gui de Vaudrey le confie à son quatrième fils Simon. Celui-ci construit le Château de Mont situé sur une petite butte peut être artificielle sur la rive gauche de la Cuisance (lieu-dit au vieux château, emplacement du chalet situé derrière la salle Sarlin). Derrière ce chalet des fossés sont encore visibles). Ce château est entouré de murs avec quatre tours d’angle, et protégé par des fossés. Il est détruit par Charles d’Amboise, général de Louis XI en 1480 , et non reconstruit.


Simon dépose son testament en 1319, et est enterré en l’église de Vaudrey. C’est sans doute lui qui autorisa, moyennant redevance annuelle, à quelques familles juives, banquiers venant de Poligny de s’installer au village. Ces familles restent jusqu’en 1374, date à laquelle elles sont chassées, par ordre comtal. Il reste aujourd’hui, côté Bans de la route du Deschaux, face à la route du cimetière, un lieu-dit « Cimetière des Juifs » où ils étaient enterrés, (car seuls les catholiques étaient enterrés autour de l’ancienne église de Mont).

Le fils de Simon s’appelle Jean, c’est lui qui divise par testament en 1341 la seigneurie de Mont en trois parties. Cette situation perdure jusque vers 1550, date où Guiot Seigneur de Mont prête allégeance au roi de France. Charles Quint le prive de tous ses droits et il meurt sans héritiers en 1559. C’est un lointain cousin de la Branche de Beveuge Jean de Vaudrey récupère le fief. Les Seigneurs de Vaudrey donnent eux aussi naissance à trois branches qui possèdent de nombreux fiefs en Franche Comté, le dernier d’entre eux Claude Antoine, Seigneur de Beveuge, s’éteint en 1785 juste avant la Révolution. Pour la Seigneurerie de Mont, Jean de Vaudrey la lègue à un de ses parents Guillaume de Montrond. C’est son fils Antoine de Montrond qui vers 1580 fait construire le modeste Château Gaillard (la partie longeant la route de Belmont . Adrien de Montrond fils d’Antoine, qui n’a pas d’héritiers lègue la Seigneurie de Mont à sa femme Louise de Lezay originaire d’une famille noble du Grandvaux. La famille de Lezay vend la Seigneurerie de Mont à Etienne Domet avocat général à la Chambre des Comptes de Dole. Il est aussi propriétaire de la Seigneurerie de Vellefaux.

Château Gaillard

Donc la Seigneurerie de Mont se reconstitue. Etienne Domet a quatre fils. Le château Gaillard se trouve trop exigu pour loger tout ce petit monde. C’est pourquoi il choisit de construire un second édifice « La Grangerie » sur la route d’Arbois aux limites du village. Les Domet prennent alors le nom de « Domet de Mont » et il existe encore de descendants de cette famille. Après la Révolution en 1792 deux des fils s’étant exilés, leurs biens sont confisqués et vendus comme Biens Nationaux. C’est Nicolas le grand père de Jules Grévy qui bien plus tard devient propriétaire de « La Grangerie ». La famille Domet rachète en sous main le Château Gaillard qu’elle conserve jusqu’en 1820, date à laquelle elle l’a revend au Vicomte Boutechoux de Chavannes, maire de Mont à l’époque. Vers 1870 la famille Boutechoux de Chavannes qui possède aussi le Château et le vignoble de Montigny les Arsures le vend à Jules Grévy alors Président de l’Assemblée Nationale. Jules Grévy à cette époque agrandit considérablement le parc. Et en 1907 son gendre Wilson construit l’aile gauche donnant sur la rue Bernard.